Charles Antoine Ricard (editor), Correspondence diplomatique et mémoires inédits du Cardinal Maury (1792-1817) (Lille 1891) I, 360-371:
Sire,
Je tâche de rendre Votre Majesté présente au conclave, en mettant sous ses yeux le tableau fidèle de toutes les Huctuations dont il lest agité. Les contradictions, que présente ce récit, doivent donner à mes lettres un ton discordant et sans cesse variable; mais, quand la scène varie tous les jours, il n'est pas possible de la décrire exactement sans se montrer soi-même au milieu des choses dont on estenvironné. On ne vit jamais, dans une pareille assemblée, tant d'intrigues, tant de changements, tant d’obstination, tant d'événements imprévus. Ceux qui aiment les coups de théâtre, les incidents, les métamorphoses, doivent être contents du spectacle instructif et pittoresque dont nous sommes les témoins. Nos anciens ébahis n’avaient aucune idée de cette nouvelle tactique.
J'ai eu l'honneur d'informer Votre Majesté de l’arrivée d'un courrier extraordinaire expédié de Madrid. Nous avons enfin acquis, et ce n'a pas été sans beaucoup d’art, une pleine et parfaite connaissance des dépêches dont il était le porteur. A peine furent-elles parvenues à leur adresse, qu'il manqua un suffrage au cardinal Mattei dans nos invariables et insignifiants scrutins. Cette voix égarée passait successivement de Valenti à Calcagnini. La déclaration que fit bientôt après le cardinal Lorenzana de ses dispositions en faveur de ce dernier, fut observée et suivie de manière à obtenir une confidence entière de ce déserteur, auparavant si intraitable. On découvrit, à force de compliments et de protestations de zèle, que la Cour d'Espagne, informée des démarches impérieuses du cabinet de Vienne, pour faire élire exclusivement le cardinal Mattei, ordonnait de s'opposer à son élection par une exclusion formelle. On profita d’une indisposition du cardinal Herzan retenu dans sa chambre, pour lui faire écrire par le Doyen, que plusieurs voix se dirigeaient vers Mattei, dont le parti serait facile à renforcer. On obtint par cet artifice obligeant une réponse par écrit dans laquelle il avouait candidement, qu’il était instruit, sous le secret, par le cardinal de Lorenzana, que le roi d’Espagne donnait l' exclusive à Mattei, Cette confidence fut promptement divulguée avec tout l'accent de l'intérêt qu’inspire le sujet. Il est aisé de deviner la commotion qu’a excitée parmi nous ce coup d`autorité. Voilà. donc Mattei exclu pour toujours de la papauté par ses propres adhérents. Voilà comment sont justifiés enfin, par leurs plus ardents adversaires, ceux qu'on accusait de perdre le Saint-Siège, en s’opposant à une élection si vivement désirée par toutes les Cours catholiques! Au reste, cette exclusion n’était pas nécessaire pour l'écarter irrévocablement. C’est une insulte inutile.
Au milieu de ce tintamarre, l'exploration paraissait réussir merveilleusement en faveur de Calcagnini. La majorité lui dormait toutes ses dix·huit voix. Zelada, Antonelli, Giovanetti, Lorenzana, Livizzani et Ruffo avaient donné leur parole, de sorte que l'inclusive était formée canoniquement pour procéder à l'élection. Durant vingt-quatre heures, on l’a crue consommée. Le cardinal Ruffo, qui en est très honteux, le rencontra dans un corridor, et se mit à genoux devant lui, en présence de plusieurs témoins, pour lui demander sa bénédiction. je me trouvai lundi au soir en petit comité avec ce même cardinal Calcagnini. On me demanda, en sa présence et àdessein, si je croyais qu’il fût permis de refuser la papauté. je répondis que, depuis saint Pierre, je ne connaissais aucun refus de ce genre, qui eût duré plus de trois jours; qu'il en serait toujours de même ; que ce refus serait plus digne d'un ' épicurien que d'un chrétien,et que si, dans d'autres temps, il pouvait être pour l'Église un exemple d'édification, il ne serait dans les circonstances actuelles, qu'un sujet de scandale.—Saint Pie V, reprit vivement le cardinal Calcagnini, disait qu’il avait compté sur son salut, quand il était moine; qu’il en avait été inquiet, dès qu’il devint cardinal; et qu’il en désespérait presque, depuis qu’il était Pape. — Votre Éminence, lui dis·je, en lui serrant la main, voit bien que cette appréhension ne l'a pas empêché d'être canonisé. Il rougit, baissa les yeux, se tut et s'enfuit.
Il paraît que ma morale ne lui sera pas nécessaire de si tôt. J’ ai déjà observé à Votre Majesté que l‘exploration faite en sa faveur annonçait vingt·quatre suffrages. Le cardinal-doyen, qui ne se fiait nullement à ses promesses verbales, et qui désirait d’en assurer le succès par un surcroît de voix, a déclaré que la convenance du Sacré-Collège et l' édifîcation publique exigeaient également, que la certitude de l'inclusive, ainsi supposée acquise,amenât selon l'usage une pleine et parfaite unanimité au scrutin de l'élection. Il a rappelé que, Clément XIII ayant été élu malgré l'opposition de treize cardinaux, son Pontificat fut très malheureux par les mauvais offices que les opposants lui rendirent dans toutes les cours, et qui, en troublant et en abrégeant ses jours, l' accompagnèrent jusqu'au tombeau.
On s'est donc occupé de cette réunion totale des voix. Le cardinal Herzan, qu’on a essayé de gagner le premier, a répondu qu’il ne s’opposait nullement, comme ministre impérial, à l'élection de Calcagnini, mais qu’individuellement, comme cardinal, il n'y concourrait jamais. Il s'est plaint de l'accueil sec et tranchant qu`il en reçut au commencement de janvier, lorsqu’il alla le solliciter en faveur de Mattei. — "J' ai réfléchi, lui répondit alors froidement Calcagnini, sur l’élection du Pape, durant vingt jours à Ferrare, durant vingt jours à Padoue, durant vingt autres jours à Venise, et ma conscience ne m’a jamais désigné que Bellisomi. ll est inutile de m'en parler, je suis invariable, et je vous salue. » Un ton si peu liant est dénoncé par le cardinal Herzan comme infiniment dangereux dans un pape, qu’il serait impossible de ramener à la raison, s'il venait malheureusement à prendre un travers dans le gouvernement de l’Église.
A peine ce refus absolu du cardinal Herzan a—t·il été connu, que plusieurs défections se sont manifestées parmi les voix qui lui avaient été promises par la minorité. Giovanetti, qui a besoin de la clémence impériale pour ses neveux, jacobins avérés, a d’abord retiré sa parole. Livizzani a suivi son exemple, et l'élection a été rompue. On ne peut décider encore si c'est sans retour, ou si l'on y reviendra par lassitude,ou enfin si Bellisomi, qui nous tient toujours fortement ai cœur, n'héritera pas de celui qui s'est vu au moment de recueillir sa dépouille. Le temps éclaircira ces mystères. Il est certain que dans cette reculade qui constitue de plus en plus la minorité en retard, puisque c'est elle qui refuse l'élection, les adversaires du cardinal Calcagnini ne le tuent pas formellement, mais qu’ils s’éloignent simplement de lui: ce qui n’est pas une sentence exclusive sans révision et sans appel. Tout le monde s'aperçoît que, depuis sa chute, le cardinal Calcagnini est plus serein, plus accessible et plus traitable. On dit qu’il s'était montré bourru et même un peu grotesque par humilité, ·afin que l'on ne songeât pas à lui. Personne ne leportait à cette élection avec enthousiasme; de Sorte qu’on l’a laissé couler sans faire de grands efforts pour le retenir sur le penchant de sa déclinaison.
Le cardinal·doyen, indigné de la mauvaise foi avec laquelle on a répondu à la confiance et à la loyauté de son parti, nous prêche à tous la patience et la fermeté, et nous en donne l'exemple. Il est bien assuré d'empêcher l’élection de Valentipour lequel toute cette double intrigue a été formée. Il ne veut plus que nous proposions, ni même que nous soumettions à une épreuve indécente aucun des membres de la majorité. C est une initiative qu'il conseille de laisser à Antonelli qui compte trop sur notre lassitude. Il dit qu’il ne faut plus parler d’élection à ces messieurs, mais les voir venir, et que, lorsque le moment marqué par la Providence arrivera, le pape sera élu par acclamation, en deux ou trois heures, à l’instant où l’on s’y attendra le moins. La parfaite unanimité, avec laquelle nous avons offert nos dix-huit voix pour élire Calcagnini qu’on a accepté et rejeté, nous décharge pleinement de toute responsabilité à l'égard du scandale,que cause le retard de l’élection.
Quand cette grande affaire semblait toucher au dénoùment, j’ai voulu savoir, Sire, par pure curiosité, quel était le cérémonial observé par les papes, pour annoncer leur élection aux grandes cours catholiques. J' ai appris que le nouveau pontife leur envoyait immédiatement un courrier extraordinaire avec une lettre écrite de sa main en langue italienne, et qu'environ vingt jours après, il leur faisait parvenir par ses nonces un bref latin qui sert de notification solennelle. La première lettre est ordinairement très simple et très courte. Ce sont des bagatelles fort insipides; mais il faut bien occuper ses loisirs de quelque chose, quand on n’a rien à faire.
Dès que les Espagnols, Sire, ont ainsi vu ou cru voir le terrain déblayé des compétiteurs, dont ils redoutaient le plus la concurrence, ils ont cherché à se faire un mérite auprès de nous de l’exclusive oflîcieuse donnée au cardinal Mattei: on leur a répondu qu'ils avaient tué un mort. Ils ont redoublé d'ardeur pour faire agréer Valenti: on leur a dit qu’il était aveugle. Ils ont insisté avec instance : on les a très poliment assurés, qu’il ne serait jamais élu. Ils ont menacé, tonné en gens qui perdent la tête; et quelqu`un leur a gracieusement souri, en leur faisant une profonde révérence et en leur rappelant qu'on lie les hommes avec les paroles, mais qu’avec des cordes on n'attache que des bêtes.
Verba ligant homines, taurorum cornua funes.
D'après cette disposition bien arrêtée d'un parti plus que suffisant pour exclure, on nous fera perdre autant de temps qu'on voudra pour faire prévaloir Valenti; mais il est certain qu’il ne sera jamais élu. Nous désirons même que l'on insiste opiniâtrement en sa faveur, parce que cette lutte remonte insensiblement le ressort des esprits tièdes et découragés. On a soin de faire insinuer à cet effet des espérances sourdes à cette faction, afin que ses efforts ne se rebutent pas. Personne ne refuse plus absolument de lui donner sa voix. Chacun se contente de montrer des inquiétudes, et de répondre qu’il fera comme le parti auquel il appartient. Il est assez plaisant, Sire, d'appliquer, comme on le fait, à une affaire si grave la maxime de Madame de Maintenon de renvoyer un grand Prince toujours affligé, jamais totalement désespéré. Ce n'est pas l’unique sujet de rire, que fournisse à un observateur, qui aime à rire, cette arène où nous voyons combattre chaque jour au moins deux champions qui se font rouer de coups sous nos yeux, eux et leurs ayant-cause, uniquement pour divertir les spectacteurs. L’hypocrisie, l'ambition, la haine, l'envie nous renouvellent fréquemment des scènes fort risibles pour quiconque sait les bien voir. j'ai peut-être tort, Sire, de révéler tous ces secrets de famille à Votre Majesté, mais elle connaît les hommes et leurs folles passions. Elle ne sera donc pas surprise, qu’elles se déploient avec tous leurs atours, quand il s'agit pour des particuliers d'une souveraineté, et de la souveraineté de leur propre pays, qu'ils ont secrètement convoitée tous les jours de leur vie. Au milieu de ce conflit de rivalités, la Providence fait son œuvre, et elle écarte, par les mains mêmes d`un intérêt jaloux, tous ceux qu’elle ne juge pas propres à Yaccomplissement de ses desseins.
Dans ce moment, Sire, tout le rôle de la majorité consiste à se tenir dans l'inertie, à montrer de la sérénité et une confiance désintéressée, à ne parler ni d’élection ni de conclave, à ne rien proposer, et à ne rien entendre, jusqu’à ce que la minorité lui apporte six voix sûres pour atteindre l'inclusive, et à faire entrevoir, qu’elle s'attend avec résignation à passer toute l'année en captivité. Il ne faut rien faire quand on ne pourrait que défaire. Après tant de batailles, notre hôpital militaire est plein de blessés, dont il est juste et convenable d'attendre la guérison, avant de se remettre en campagne. La division règne dans le camp ennemi. Antonelli y est traité comme un déserteur; mais son esprit très astucieux peut y reprendre à propos son ascendant. Ruffo est honteux de n’avoir pas eu plus d’influence, par sa défection, sur l’opinion de ses collègues. Les reproches, dont la voix publique accable cette faction qui arrête tout pour faire la loi, l’ obligeront peu à peu d’agir pour se justifier, et ses mouvements doivent servir à la déjouer, pourvu que nous sachions bien jouer notre jeu. C’est du sommeil et de l’inaction qu’il nous faut, d’autant plus que le parti contraire est en très grande fermentation, nuit et jour, pour nous inquiéter. Quant à moi, je ne parle en public ou en société mêlée que de littérature, d'histoire, de droit public, de religion, et je n’ai jamais l’air de me souvenir que je suis dans un conclave, par la raison que j’y pense toujours sans en rien dire.
Enfin, Sire, pour tout dire à Votre Majesté, et pour
prouver combien j'ai eu raison de lui écrire que tout était devenu possible, et que ce qui paraissait impossible est à présent facile, voici où nous en sommes.
Nous n’élirons jamais un sujet taré. La Providence
ne le permettra pas. Mais, du reste, il n’est pas seulement question dans nos spéculations actuelles du mérite des sujets qu’on peut proposer. On cherche uniquement à deviner et à préférer le cardinal sur la tête
duquel on a l’espérance de réunir vingt-quatre voix.
C'est là le seul objet de nos combinaisons: d’où il
résulte que les ambitieux, qui se fiattent d’obtenir la Papauté, sont de grands fous, et que les politiques, qui
veulent deviner de loin quel sera l’élu, sans aucune
base pour établir les calculs de probabilités, ne sont
guère plus sages. On ne fait ici nice qu’on veut, ni ce
qu’on doit, mais ce que l’on peut, et dès lors l'événement échappe nécessairement à toutes les prévoyances
humaines, parce qu’il est absùrde de chercher à pénétrer d’avance les résultats de la lassitude et les chances
d'une assemblée divisée d’intérêts, qui se décide en un
moment pour élire un sujet, qu’elle n'a pas eu le temps
de voir venir, de craindre et d'écarter dans une arène
couverte de morts. Gerdil, Mattei, Valenti, Bellisomi
et Calcagnini sont les combattants, que les liaisons ou
les oppositions les plus invraisemblables ont immolés,
ou du moins très grièvement blessés sur le champ de
bataille. Le principal but de la minorité a été de faire
une guerre cruelle au cardinal Braschi, et de lui ôter
toute influence sous le nouveau pontificat. On craignait
surtout qu’il n’eùt l’envie secrète de faire pape le cardinal Chiaramonti, bénédictin, âgé de cinquante-huit ans, créature de sa maison, son allié, son compatriote, son intime ami, homme doux, honnête, très fin,
et d'une capacité commune, assez bien vu dans son riche évêché djlmola. Le cardinal Braschi n’aurait
certainement pas mieux demandé; mais une telle
faveur lui semblait trop impossible pour qu’il osât
jamais y songer sérieusement. Eh bien ! Sire, dans ce
moment, le parti d’Antonelli, qui a totalement perdu la
tête, si ce n’est pas un nouveau stratagème pour créer
un rival de plus à Valenti, est en très grande fermentation en faveur de ce même Chiaramonti, qu’il préfère, dit-on, à tous les membres de la majorité, parmi
lesquels il se voit obligé de choisir un pape. Nous
savons avec certitude que trois et même quatre voix de la minorité se déclarent pour lui. Si on nous en
gagne huit, et si on nous le propose sérieusement, l’affaire sera conclue dans l’intervalle d'un scrutin à l’autre, car nous ne refuserons certainement aucun des
nôtres. On n’a jamais rien imaginé de plus inconséquent, de plus invraisemblable ; et cependant voilà où
en est notre thermomètre ! Nous observons en silence,
et nous attendons en paix que le cardinal Antonelli ou
ses adhérents nous jouent ce mauvais tour, pour les
prendre au mot. Cette contradiction nous étonne infiniment; mais elle ne nous déconcerte en aucune manière.
Nous saurons bientôt à quoi nous en tenir, soit sur la
sincérité de la proposition, soit sur les ressorts secrets
qui Vont amenée, soit sur la faveur, soit sur les obstacles qu’elle éprouve dans les congrès de la minorité.
Nous savons avec certitude que la discussion s’en fait
très sérieusement, et nous n'osons pas nous regarder en
public, de peur d'éclater de rire, en présence des gens
qui semblent nous préparer, dans leur sagesse, une si plaisante catastrophe. Il sera temps de battre des mains
après le dénouement du conclave.
Cette combinaison, tout étrange qu'elle est, ne
me paraît néanmoins nullement incompréhensible.
Voici comment je crois pouvoir l'expliquer. Après tous
les candidats que chaque parti, a proposés et vu tomber successivement, il est clair qu'aucun des deux
ne peut mettre en avant l'un de ses membres, sans
quiil soit écrasé immédiatement par le parti contraire.
Personne n’aime à se prêter à une pareille épreuve. Il
faut donc, pour faire un pape, que l'un des deux partis
choisisse un sujet dans le parti opposé, et que, satisfait de l’avoir ainsi désigné, il se contente et se rassure
par le mérite qu'il·acquiert ainsi aux yeux de l'élu qui
lui doit la préférence. Nos adversaires l'ont probablement compris, et on conçoit dès lors qu'ils puissent serallier en faveur de Chiaramonti, dont ils sont bien
sûrs de se faire pardonner tout le mal qu’ils ont fait à
notre parti, puisque ce sera cette guerre elle-même qui
l'aura élevé sur la chaire de saint Pierre. Telle est ma
manière de voir. Nous avons affaire à des gens, de
beaucoup d’esprit, qui ne sont pas, à mon avis, aussi
absurdes qu’ils le paraissent, en renonçant à prendre
un pape dans leur parti, mais à condition de le choisir
eux-mêmes à leur gré dans le nôtre. Si mes conjectures sont fondées, la conjuration qui s’est manifestée
avec tant d'ardeu1· contre le cardinal Braschi dans le
conclave, était plus dirigée encore contre certains
membres de son parti, que contre sa personne. La
Providence a su se servir de tous nos débats pour
amener insensiblement l’unique résultat qui pût remplir ses vues. Son action secrète ne paraît qu'après
l’événement.
Cependant, Sire, la marche de l'affai1·e me paraît
lente, et il est à craindre que le projet ne s’évanouisse,
si l'on en diffère l'exécution. Nos jeunes cardinaux
italiens auront de la peine à renoncer pour toujours à
la papauté, en élisant un pape si jeune encore; et,s'ils
ont le temps de Hairer la médecine, ils ne l'avaleront
peut-être pas. Dans ce cas, j’aurai fait une dépense
fort inutile de combinaisons pour expliquer une hypothèse sans fondement, et une fiction sans réalité. je
crains que nos adversaires ne s'aperçoivent qu’ils font
une sottise, et que notre parti ne sente pas également
combien cette élection est désirable pour nous, je ne
dis pas individuellement, mais collectivement.
The Conclave of 1800 is discussed by Chevalier François Artaud de Montor, Histoire du Pape Pie VII second edition (Paris 1837) I, pp 80-107 [He was an ultra-monarchist and an ultra-Ultramontane]. Cf. Comte Boulay de la Meurthe, "Mémoire d' Artaud sur le conclave de Venise," Revue d' histoire diplomatique 8 (1894) 427-448. Also consult: Alberto Lumbroso, Ricordi e documenti sul Conclave di Venezia (1800) (Roma: Fratelli Bocca 1903) Eugenio Cipolletta, Memorie politiche sui conclavi da Pio VII a Pio IX (Milano 1863) [with documents, especially from Lord Acton and Naples]; Giovanni Berthelet, Conclavi, Pontefici e Cardinali nel secolo XIX (Torino 1903); Gaetano Moroni, Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica Vol. 53 (Venezia 1851), s.v. 'Pio VII', pp. 116-118. Gaetano Giucci, Delle vite dei sommi pontefice Pio VII, Leone XII, Pio VIII, Gregorio XVI, per servire di continuazione a quelle di Giuseppe Novaes Volume I (Roma 1857) 39-48 [fulsome in praise of Pius VII]. Pierre Vachoux, Extraits inedits de la correspondance & des manuscrits du Cardinal Gerdil (Annecy 1867), Chapter II, pp. 39-56. Analecta Iuris Pontificii. Dissertations sur divers sujets de droit canonique, liturgie et théologie Troisième série, II. 1 (Rome 1858) 1107-1199. [Documents relating to Cardinal Gerdil]. Charles van Duerm, SJ, Un peu plus de lumiere sur le Conclave de Venise et sur les commencements du Pontificat de Pie VII. 1799-1800 (Louvain: Ch. Peeters 1896) Giovanni Berthelet, Conclavi, Pontefice e Cardinali nel Secolo XIX (Torino-Roma 1903). Fredrik Nielsen, The History of the Papacy in the Nineteenth Century (tr. A.J. Mason) Volume I (London: Murray 1906) pp. 191-218. R. Obechea, El Cardinel Lorenzana en el conclave de Venezia (1975). The alleged exclusion of Cardinal Gerdil by the pronouncement of Cardinal Herzan is discussed by Ludwig Wahrmund, Das Ausschliessungs-recht (jus exclusivae) der katholischen Staaten Österreich, Frankreich und Spanien bei den Papstwahlen (Wien 1888) 230-231. Giovanni Piantoni, Vita del Cardinale Giacinto Sigismondo Gerdil e analisi di tutte le stampate sue opere (Roma: Salviucci 1851). X. Barbier de Montault, Oeuvres complètes Tome troisième: Rome III, Le pape (Paris 1890), pp. 185-189 [the exclusiva: two kinds, defined and illustrated]
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