Charles van Duerm, SJ, Un peu plus de lumiere sur le Conclave de Venise et sur les commencements du Pontificat de Pie VII. 1799-1800 (Louvain: Ch. Peeters 1896), pp. 237-239, no. XXX [translation into French by Duerm; he does not print the original document]:
Excellence,
L' élection de M. le cardinal Chiaramonti, que, dans ma dépêche réservée, en date du 12 courant et jointe au num. XXIX, j'avais l'honneur d'annoncer à V. Exc. comme imminente, s'est faite ce matin, à l'unanimité des voix. Cet événement montrera à V. Exc. la nécessité dans laquelle je me suis trouvé de prendre le parti auquel je me suis arrêté. Je me flatte de voir ma conduite approuvée par S. M. et par V. Exc.
Sa Saintété a pris le nom de Pie VII.
Son élection est universellement applaudie. Sa piété, sa science, son humilité et, au dire de tout le monde, sa prudence consommée me font espérer que S. S. a été choisie par Dieu pour gouverner l' Église dans ces temps si difficiles et pour satisfaire aux désirs de S. M. l' empereur.
Quoique, comme je l' ai écrit antérieurement, j'aie déjà communiqué mes instructions à S. S., j'y reviendrai encore au nom de notre auguste maître.
L' empressement et la précipitation du cardinal Dugnani pour terminer l'élection, j'en ai parlé dans ma dernière dépêche, doivent, après mûr examen, être attribués à ce que ce cfardinal voulut se donner la gloriole de voir l'élection faite par nos partisans à l'exclusion de nos adversaires. On peut encore les mettre en partie sur le compte de l'ennui qu'engendre la longeur d'un conclave et qui influe toujours sur l'élection.
L' entretien que j'ai eu avec le cardinal Mattei et ensuite avec le cardinal Chiaramonti, aujourd'hui le pape Pie VII, fait soupçonner par tout le monde qu'il y fut question de l'élection, et on a découvert, j'ignore comment, que j'ai annoncé son election au cardinal Chiaramonti. Cette démarche de ma part a causé infiniment de délplaisir au cardinal Antonelli et à bon nombre de mes partisans. La raison en est que, comme V. Exc. s'en aperçoit aisément, il leur importait beaucoup, sous plus d'un rapport, de faire eux-mêmes cette démarche. Mais le service de l' empereur exigeait que je prisse les devants et j'ai imposé silence à la voix de l'amitié.
Le mal de tête dont je souffrais, quand j'eus l'honneur d'expédier a V. Exc. ma dernière relation, me fit oublier une chose qu'il me faut relever. Elle m'a été dite par le pape, alors encore cardinal Chiaramonti, au moment où je lui annonçais sa future élection et lui parlais du secrétaire d' État. Il songerait, sil était élu, de ne pas nommer immédiatement son secrétaire d' État, mais de se servir pendant quelque temps du secrétaire du chiffre: en cela il suivrait l'exemple donné par pusierus de ses prédécesseurs. Il trouverait ainsi moyen d'arranger les choses pour le cardinal Flangini, à cause du motif, fort embarrassant pour un pape, que j'ai cru devoir confier á une dépêche réservée, parce qu'il touchait à sa réputation.
Le cardinal Ruffo, auquel je dois rendre la justice que, durant le conclave, il a secondé avec zèle mes vues au sujet du cardinal Mattei et ensuite au sujet du cardinal Valenti, se fatigue, depuis que l' élection est terminée, à insinuer que S. S. doit tenir avec sa Cour et avec les alliés de celle-ci, parce que les plans de notre Cour étaient contraires aux intérêts de l' État pontifical. Le cardinal Roverella, tout ami qu'il est de Ruffo, eut avec celui-ci une chaude dispute: il soutint que le seul parti à prendre par le pape était de mettre toute sa confiance dans l'empereur seul. Roverella est un homme de talent, loyal et tout dévoué à S. M.
Un cardinal qui dans le plus grand secret se fit un puissant parti, —je le découvris à temps— ut le cardinal Borgia. Et de fait, les cardinaux qui n'en sont venus qu'à regret à l'élection du pape et qui, même lorsque Chiaramonti eut déjà bien au delà du nombre de votes requis, n'en continuèrent pas moins à déclamer contre lui, furent le susdit cardinal Borgia, les cardinaux Maury, Caprara, Doria et Pgnatelli. Cette circonstance fera certainement que le nouveau pape aura en eux peu de confiance.
Le cardinal doyen, après s' être déclaré avec moi pour les cardinaux Mattei et Valenti, et après s' être opposé toujours à leur élection, a fait jusqu'à la fin du conclave une assez triste figure.
Je prie V. Exc. de prèsenter à S. M. l'empereur la lettre ci-incluse. Elle informe S. M. de l' élection de Chiaramonti au souverain pontificat. Pour le reste, je m'en réfère aux dépêches que j'ai eu l'honneur d'addresser à V. Exc. dont, avec le plus grand respect, je baise affectueusement les mains.
IDe Votre Excellence,
Le serviteur très affectionné,
F. CARD. D'HERZAN
Venise, 14 mars 1800.
The Conclave of 1800 is discussed by Chevalier François Artaud de Montor, Histoire du Pape Pie VII second edition (Paris 1837) I, pp 80-107 [He was an ultra-monarchist and an ultra-Ultramontane]. Cf. Comte Boulay de la Meurthe, "Mémoire d' Artaud sur le conclave de Venise," Revue d' histoire diplomatique 8 (1894) 427-448. Also consult: Alberto Lumbroso, Ricordi e documenti sul Conclave di Venezia (1800) (Roma: Fratelli Bocca 1903) Eugenio Cipolletta, Memorie politiche sui conclavi da Pio VII a Pio IX (Milano 1863) [with documents, especially from Lord Acton and Naples]; Giovanni Berthelet, Conclavi, Pontefici e Cardinali nel secolo XIX (Torino 1903); Gaetano Moroni, Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica Vol. 53 (Venezia 1851), s.v. 'Pio VII', pp. 116-118. Gaetano Giucci, Delle vite dei sommi pontefice Pio VII, Leone XII, Pio VIII, Gregorio XVI, per servire di continuazione a quelle di Giuseppe Novaes Volume I (Roma 1857) 39-48 [fulsome in praise of Pius VII]. Pierre Vachoux, Extraits inedits de la correspondance & des manuscrits du Cardinal Gerdil (Annecy 1867), Chapter II, pp. 39-56. Analecta Iuris Pontificii. Dissertations sur divers sujets de droit canonique, liturgie et théologie Troisième série, II. 1 (Rome 1858) 1107-1199. [Documents relating to Cardinal Gerdil]. Charles van Duerm, SJ, Un peu plus de lumiere sur le Conclave de Venise et sur les commencements du Pontificat de Pie VII. 1799-1800 (Louvain: Ch. Peeters 1896) Giovanni Berthelet, Conclavi, Pontefice e Cardinali nel Secolo XIX (Torino-Roma 1903). Fredrik Nielsen, The History of the Papacy in the Nineteenth Century (tr. A.J. Mason) Volume I (London: Murray 1906) pp. 191-218. R. Obechea, El Cardinel Lorenzana en el conclave de Venezia (1975). The alleged exclusion of Cardinal Gerdil by the pronouncement of Cardinal Herzan is discussed by Ludwig Wahrmund, Das Ausschliessungs-recht (jus exclusivae) der katholischen Staaten Österreich, Frankreich und Spanien bei den Papstwahlen (Wien 1888) 230-231. Giovanni Piantoni, Vita del Cardinale Giacinto Sigismondo Gerdil e analisi di tutte le stampate sue opere (Roma: Salviucci 1851). X. Barbier de Montault, Oeuvres complètes Tome troisième: Rome III, Le pape (Paris 1890), pp. 185-189 [the exclusiva: two kinds, defined and illustrated]
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