SEDE VACANTE 1669-1670

December 9, 1669—April 29, 1670




Amelot de la Houssaie, Relation du Conclave de M.DC.LXX. (Paris: Frederic Leonard, 1676), pp. 83-89:

 

The Duc de Chaulnes to the Doge and Senate of Venice

(Venice, January, 1670)



Harangue de Monsieur l' Ambassadeur de France
au Collége de Venise, pour y demander
la jonction des Cardinaux Vénetiens à la Faction Françoise
dans le Conclave

 

Serénissime Prince, Tres-illustres et Tres-Excellens Seigneurs,

Il ne faut pas s'étonner, si la Monarchie Françoise et la Seigneurie de Venise ont toujours été si étroitement unies, puis qu'étant nées, pour ainsi dire, en même tems, et naiant pas commencé plutôt de se connoître, que de se vouloir du bien l'une a l' autre, il ne se pouvoit pas faire que leur amitié qui croissoit avec l' âge, et qui se cultivoit réciproquement par de bons offices, ne fust pas de durée; ni qu'aiant toutes deux par société de nature les mêmes avantages, elles n'eussent pas aussi par conformité d' humeurs les mêmes intérets.  C'est, je m'assure, cette simpatie qui les a fait agir de concert dans les grandes ocasions, et qui les a déterminées tant de fois à choisir les mèmes moiens pour ariver aux mèmes fins. De sorte que si cette Sérénissime République a particuliérement eu cela de commun avec la France, d'être l'une des Filles Ainées de l'Eglise, de lui avoir été toujours parfaitement obéissante, et d'avoir procuré autant quelle a pû sa gloire et son repos, il etoit bien raisonnable que ces deux Etats à qui les Afaires du Saint Siége Vacant touchent également ne fissent aussi qu'un parti dans les conclaves.

C'est pourquoi, Sérénissime Prince, tres-Illustres et tres-Excellens Seigneurs, je me promets que vôtre Sérénité et vos Excellences agréront les instantes priéres que je leur fais aujourd'hui, au nom du Roi mom Maître, de vouloir, selon l' ancien usage, donner ordre aux Cardinaux Vénetiens de se joindre dans le présent Conclave à la Faction Françoise, pour l'Election d'un Pape, qui remplisse dignement la Chaire de Saint Pierre; qui gouverne l'Eglise et ses Enfans en Paix; qui remédie par ses soins aux maux présens de la Chrétienté, et qui par sa prudence prévienne ceux dont elle est encore menacée; qui vive en bonne intelligence avec les Princes Chretiens; qui ait pour eux la tendresse d'un Père, les assistant de ses conseils et les comblant de ses graces. Nous en aurons sans doute un de cette sorte, si les Cardinaux des deux Nations se joignent ensemble; et ce qui nous le doit faire espérer, est que comme le Saint Estrit ne manque jamais aux besoins de l' Eglise qu'il conduit, et qu'il se trouve toujours au milieu de ceux qui s'assemblent en son nom, il ne peut pas ariver que nos Cardinaux, qui le vont faire pour le bien de la Chrétienté, ne soient éclairez de ses lumieres, et que cet Esprit d'union et de vérité qui souffle ou bon lui semble, comme parle l'Ecriture (Spiritus Domini spirat ubi vult [John 3:8]) ne les fasse parler tous d'une même langue, pour élire unanimement un Pape, qui ait en sa personne, de quoi nous sonsoler de la perte que nous venons de faire de Clément IX. d'Eternelle Mémoire; qui en ait les vertus, et s'il est possible, le nom, pusique c'en est un de bon augure pour la France et pour cette Sérénissime République;  Enfin, un Pape, qui suive les exemples du Défunt, et qui ne laisse rien à desirer non plus que lui de tout ce que l'on peut atendre d'un bon et sage Gouvernement, afin que, comme le disoit autre fois un grand Pontife, nous puissons voir en nos jours l'Esprit de Saint Pierre vivre et régner encore dans ses Successeurs.

 

 

 

 


 

 

 

 

July 22, 2014 7:40 PM                

© 2014 John Paul Adams, CSUN
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