Ferdinando Petruccelli della Gattina, Histoire diplomatique des conclaves Volume III (Paris 1865) 56-58 (tr. Petruccelli):
Le conclave fut fermé hier soir [July 19]. J'ai peu à rapporter. A cause de la nouvelle bulle, on a fait peu de pratiques ouvertes. Les Espagnols ont déclaré que Borromeo, Caraffa, Aracoeli [Agostino (Simone) Galamini, OP], ne jouissaient point de la confiance de Philippe IV. Borghese a promis aux Espagnols die les seconder poour Aracoeli; Ludovisio s'en plaint. Les ambassadeurs ont à ce propos expédié un courrier à Madrid, afin de provoquer un contre-ordre pour Aracoeli. L' exclusion de Borromeo est justifiée par l' amitié de ce cardinal pour le duc de Savoie. Celle de Caraffa était unutile; ce cardinal n'a aucune importance. Ludovisio, ainsi que les Espagnols et les Français, accepterait volontiers Santa Susanna [Scipione Cobelluzzi] après Aracoeli; mais Borghese ne l' agrée point. Santa Susanna serait pape s'il arrivait à rassurer Borghese sur sa personne.
Les yeux sont fixés sur Borghese, qui est le plus puissant et qui a plusieurs créatures capables qu'il veut essayer. Il désire avant tout autre Campori, malgré l'échec du dernier conclave et l'opposition de Ludovisio et des vieux, qui concurent à la tiare avec ce candidat. Les affaires de Campori sont donc désesperées. Suivent Mellini et Varallo, abhorrés par Ludovisio et harcelés par d'autres inimitiés privées dans le collége. En sote qu'il ne faut compter non plus sur ceux-ci, malgré le désir des Espagnols et de Borghese. Scaglia et Ascoli ne sont pas considérées, et le trop grand empressement de Scaglia a révolté plus d'un cardinal. On croit Barbarino convenable, mais trop jeune, et lui-même ne veut pas être proposé. Cependant, si Borghese incline à la promotion d'une de ses créatures plus jeunes, Ludovisio accepterait Barbarino. Borghese veut Cennini; Pignatelli s'y oppose, ainsi que Ludovisio et Savoia: on le croit un homme de valeur et trop familier de Borghese, ainsi que Campori. Voila pour les Borghese.
Il y a maintenant les Sixte V, c'est-à-dire Sauli et Monti. Les princes sollicitent pour Sauli; les Aldobrandino le rejettent, bien que Gaetani et Farnese aient fait espérer qu'ils ne s'opposeraient guère. En secret cependant Farnese et Ludovisio le repoussent, car Grégoire XV fit décapiter un parent de Sauli, lequel avait écrit une satire contre les cardinaux, malgré qu'il eût demandé à Sauli si ce poëte était son parent. Monti n'a ni amis ni ennemis. Il a peu fait pour le Saint-Siége, et on lui pardonne ses fautes de jeunesse à cause de la tranquillité qu'il conserve en sa vieillesse. Il lui est utile d' être considéré comme un homme agréable et tranquille, bienque peu libéral, et d' être vieux, bienque décrepit. Le amitié de Votre Altesse lui sert d'un côté, lui nuit de l' autre. Les Espagnols ne le repoussent pas; les Français promettent, si Savoia n' agit pas à contre-sens; Ludovisio et Farnese s' engagent, mais les Aldobrandino résistent, et Borghese ne l' acceptera que losue'il n'aura plus aucun espoir pour les siens. Les espérances de Votre Altesse restent donc dans les limbes—sauf à se relever, au conclave fatigué et ennuyé. Bandini est très-bien auprès de tout le monde. Aldobrandino le desire; malgré celà, Borghese s'oppose, et Savoia s'offre à l'appuyer. Interpellé, je répondis que Votre Altesse n'avait aucun motif de répulsion, Bandini a bien d'autres difficultés à vaincre. Ginnasio se leurre tout seul de grandes espérances; personne ne l' exclut, personne ne le veut. Sa plus grande difficulté est sa grande amitié pour le connétable Colonna, car Ludovisio et Borghese, qui goûtent fort peu ces Colonna, ne feront aucun frais pour le pousser. Gaetano et Sagrati l' excluent ouvertement. San Severino est un bon chevalier, mais cardinal nouveau et inconnu.
©2011 John Paul Adams, CSUN
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