Guillaume Ribier (editor), Lettres et mémoires d' Estat des Roys, Princes, Ambassadeurs et autres Ministres , sous les Règnes de François premier, Henry II, et François II Tome second (Paris 1666), pp. 834-835:
Sire,
apres avoir demeuré icy quelques jours, durant lesquels nous avons le mieux et le plus dextrement, qu'il nous a esté possible, confirmé en leur bonne volonté ceux de Messieurs les Cardinaux de certe Compagnie, que nous avons trouvez affectioneez au service de vostre Majesté, et disposé aucuns des autres à faire pour ceux qu'il luy a pleu specialement nommer et favoriser à la promotion du Papat: nous avons proposé Monsieur le Cardinal de Tournon si agreable à un chacun, qu'il ne se presentoit aucune difficulté qu'il ne reüssist, sinon qu'il estoit Francois. Ayant toutesfois promesse d'un nombre quasi suffisant, pour parvenir à cette dignité, comme nous ne doutions point qu'il ne fust parvenu, si a l'essay que nous en fismes, aucuns de ceux qui nous avoient donné paroles, ne luy eussent failly. Et voyant enfin qu'il n'y avoit pas grande esperance en la poursuitte, que nous en eussions sceu faire plus instante pour luy, ny autre François, et que Farnése et Caraffe avec les espagnols insistoient continuellement pour le Cardinal Carpy, lequel ils avoient déja par plusieurs fois proposé: nous nous serions mis en deliberation avec Messieurs les Cardinaux de Tournon et du Bellay, de ce qui se pouroit faire pour Monsieur le Cardinal de Mantoüe [Ercole Gonzaga]
En quoy il nous seroit si bien advenu, que Monsieur le Cardinal de Sainte Fior [Guido Ascanio Sforza], lequel est icy le premier et principal de ceux qui tiennent le party du Roy d'Espagne, nous l'auroit presenté; se faisant fort de tous ceux de sa part. Mais estans sur le point de nous assembler, pour proceder par la voye d'adoration, à l' Election de mondit Sieur le Cardinal de Mantoüe; lesdits Cardinaux de Farnése et Caraffe, lesquels nous vous pouvons asseurer, Sire, s' estre tousjours tous deux, et plus affectionnément et opiniastrément Caraffe, monstrez contraires à tous les vostres, se sont mis ensemble; retenans avec eux tous ceux qu'ils auroient peu, tant de leurs parens, que de la Creation des Papes Paul III et Paul IV. lesquels n'eussent pas esté suffisans pour empecher ou detourner ladite Election de Monsieur le Cardinal de Montoue, si des Espagnols mesmes et aucuns des nostres et encore Reomanus ne nous eussen tsemblablement failly: s'excusant ledit Reomanus sur l'oligation qu'il a aux Caraffes, desquels il tient ainsi qu'il dit, le Cardinalat, et sur la promesse qu'il a faite audit Cardinal Caraffe de ne faire jamais, ny donner son voeu à aucun qui seroit ennemy de luy, ny de sa Maison. Dont quelque remonstrance que nous luy ayons sceu faire, il n'a jamais esté possible de le divertir: estant seul icy de vos sujets, Sire, qui non seulement a contredit à l'exhortation qui luy a esté faite de la part de vestredite Majesté, et en ce faisant retenu ceux des Caraffes plus fermes en leur opinion, desquels sans cela, il y avoit esperance d'en débander quelques uns, mais n'a voulu faire ce qui est du devoir de sa profession d'autant qu'il ne nous est resté aucun Sujet selon nos jugemens et consciences, plus digne que mondit Seigneur le Cardinal de Mantoüe; ny qui, à nostre advis, peust estre plus agreable à vostredite Majesté, ny aussi plus desiré, comme nous avons déja entendu qu'il est, des Romains; et croyons bien qu'il seroit tres-utile à ce Siege et au bien et repos de la Chrestienté. Parquoy, Sire, nous sommes resolus de poursuivre nostre deliberation, et faire tous nos efforts d' empescher que nul ne luy soit preferé, encore que la partie contraire soit forte et opiniastre. Mais avec ce que nous pourons de la nostre, nous esperons que Dieu favorisera la plus juste et sincere intention, conforme et suivant celle de vostre Majesté.
Du Conclave à Rome.
27. Septembre.
Hipp. Card. de Ferrare Louis Card. de Guise.
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