Auguste Carayon (editor), Documents inédits concernant la Compagnie de Jésus XVII (Poitiers 1869), LXXV., pp. 194-195:
Je crois bien que le Sacré-Collége craint nos exclusions, mais ce n'est pas une raison pour nous priver de ce moyen. En excluant les vieillards, nous avons certainement, tant dans la classe des bons que dans celle des douteux et des indifférents, au moins douze sujets pour lesquels nous irons. Ainsi, ce n'est pas de notre côté qu'est la tyrannie, mais bien de celui du parti opposé, qui voudrait nous faire la loi, et nous donner un pape jésuite ou dépendant des Albani, ce qui est tout un. Il est aisé de sentir les sujets qui peuvent convenir; il n'y a qu'à se concerter de bonne foi, et alors ils ne trouveront aucune opposition de notre part. Au reste, il n'y a point de mal qu'ils aient un peu de peur. L'expérience que j'ai de ce pays-ci m'a fait connaître que c'était le meilleur moyen pour déterminer les esprits. Il faut absolument leur en imposer, sans quoi ils nous foulent aux pieds. D'après ce principe, il n'y a pas de mal non plus qu'ils sachent que, si on élisait un pape malgré les couronnes, il ne serait pas reconnu par elles. Qu'on craigne les cours, qu'on aime et estime Votre Eminence, voilà ce qu'il nous faut.
Auguste Carayon (editor), Documents inédits concernant la Compagnie de Jésus XVII (Poitiers 1869), XXII., p. 159-160:
L' ambassadeur de France a reçu le billet dont Votre Éminence l'a honoré le 16 de ce mois, avec le scrutin, dont il lui fait bien des remerciements.
La conversation du cardinal Alexandre Albani avec Son Éminence est bien singulière. Il n'est pas possible de connaître encore quel en a été le vrai but. en attendant, voici Ganganelli sur les rangs. C'est un sujet agréable aux trois couronnes: ainsi nous devons le porter de toutes nos forces. Le procédé du cardinal de Solis, de nous avoir caché ses menées a ce sujet, n'est pas honnête; mais pourvu que le bien se fasse, qu'importe comment il est operé? Le grand point est de nous tenir toujours fortement unis et de ne jamais perdre de vue qu'en outre de l'ordre que nous en avons de nos cours, notre union fait toute notre force. C'est une verité qu'il est bien essentiel de faire sentir aux Espagnols, et que celui qui manque au concert établi se rend responsable vis-à-vis des couronnes de tout le préjudice qui peut en résulter pour le bien de leur service. M. d'Almada doit solliciter les Corsini pour les engager a aller en faveur de Ganganelli. De mon côté, je compte en parler aussi à M. de Kaunitz, afin qu'il presse Pozzobonelli et les autres cardinaux sujets de la cour de Vienne.
© 2014 John Paul Adams, CSUN
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