SEDE VACANTE

(April 27, 1605—May 16, 1605)



Berger de Xivrey (editor), Recueil des lettres missives de Henri IV Tome VI, 1603-1606 (Paris: Imprimerie Impériale 1853), pp. 363-365:

 

Henri IV, King of France, to Cardinal de Joyeuse:

(Paris, March 7, 1605)

A  MON COUSIN LE CARDINAL DE JOYEYSE,  PROTECTEUR DE MES AFFAIRES EN COURT DE ROME.

 

Mon Cousin,  

Je croy avec vous que les affections du cardinal Aldobrandin sont attachées à ses interests plus qu'à toute autre chose; car ses actions el, deportemens le tessnoignent assez. J'advoue aussy que nous avons jusques à present retiré de ses offres et promesses plus de feuille que de fruict. Neantmoins ayant l'auctorité et creance qu’il a de present par delà, et ayant remply ce college de tant de personnes à sa devotion, il importe à mon service d'entretenir et mesnager la bonne volonté qu’il porte à ma personne. C' est pourquoy, non-seulement j'approuve de vivre avec luy comme nous avons commencé, luy demonstrant toute sorte de confiance et de bienveillance; mais j'estime aussy que si nous pouvons l’engager par quelque bienfaict en argent, il sera bien employé, et ne pense pas qu'il le desdaigne. Mon ambassadeur vous dira ce que je luy en mande, et l' office que je veux qu’il face avec luy devant qu'il parte pour s'en revenir par deçà. Car encores que le dict cardinal abonde en richesses plus que nul autre de sa qualité qui l'aye precedé, toutesfois, comme la soif d' icelles s'estanche difficilement, j'entends qu’il prend plaisir à les accroistre, et qu’il ne desdaigne les moindres choses qui luy peuvent faire service. S'il accepte nostre ofre pour en recevoir le courant par chascune année, ou bien s'il trouve bon que les deniers d'icelle soyent reservez et mis à part par chascun an , pour luy estre gardez et livrez lorsqu'il voudra les prendre, il s'obligera à nous en une sorte ou autre, et il ne laissera pour cela de favoriser les affaires d'Espagne, comme j'en fais bien estat. Neantmoins ce defffault pourra estre cause qu’il se comportera plus discretement, et qu’il ne laissera aussy de nous estre favorable en quelque chose. Je considere avec cela qu'il a prins un vol si elevé que, pour le conserver, il doibt eviter tant qu’il luy sera possible d’estre contrainct de partialiser ouvertement, principalement pour Ie party d'Espaigne, soit durant ou aprés le pontifcat de son oncle, car il ne le peut faire sans devenir leur esclave. Aydons-nous doncques à nous tromper doucement pendant que nous pourrons en estre quictes pour de l’argent; joinct que de prendre le contrepied avec le dict cardinal à present, ce seroit le jetter tout à faict entre les bras des Espagnols, et ruiner nos affaires.

Je ne doubte point qu’il n’ayt bonne intelligence avec le comte de Fuentés. Quand je n’en aurois d’autre preuve que celle que l’Allemagne et luy, avec leurs nonces, en ont donnée aux afaires des Suisses et Grisons, à mon desadvantage et du publicq, comme aux usurpations faictes en Italie par ce comte, elle n’est que trop suffisante pour le croire. Je voy aussy que toute l’Italie a la mesme creance; et croyés que je ne m’abuse pas facilementente jugement, car je sçay faire difference des effects aux paroles, et je sçay prendre party et me resouldre à celuy que j’estime estre le moins prejudiciable.

Davantage je ne doubte pas que la demonstration que j'ay faicte d' assister le dict cardinal en la brouillerie de Fameses ne l'ayt faict plus estimer et respecter en Italie, et qu’il ne s’en soit servy à ceste fn. Toutesfois j'en ay deu user ainsy, et si je n’ay tiré encore du dict cardinal des effects dignes de la faveur que je luy ay tesmoignée en ceste action, aussy ne l' en ay-je recherché ny pressé, et veux esperer que si l’occasion s’en presente, qu’il y satisfira. Et au cas qu’il ne le fera, il sera lors assez à temps d' adviser comme nous aurons à nous en ressentir et descoudre avec luy.

Mais certainement l'ouverture que vous a faicte le cardinal·Delfin, de l’attacher par des liens plus forts que ne sont ceux d’argent, seroit bien le meilleur et le plus seur chemin pour le gaigner et retenir, comme seroit celuy de l’alliance qu’il vous a proposée, à laquelle je voudrois que le grand-duc voulust entendre; car j’estime qu’elle seroit utile à luy et aux siens, et que nous pourrions, parle moyen d’icelle, dresser une partie d'importance, tant pour le present que pour l'advenir. Discourés-en avec mon ambassadeur, et advisés ensemble s’il sera à propos que, passant par là, il sonde sur cela la volonté du dict grand duc; et je regarderay si je pourray, par le moyen de la Royne ma femme, y frapper coup, sans toutesfois en faire bruict.

Je ne suis pas d’advis aussy que nous mesprisions la proposition d'une ligue defensive entre le Sainct Siege, les Venitiens, le grand-duc et les autres princes d’Italie, qui a esté faicte par quelques-uns, puisque le dict cardinal Aldobrandin s’est laissé entendre de l' approuver, car il ne nous peut nuire de la rechercher et favoriser; et pourroit se rencontrer que l’on s' y engageroit par degré.

Le duc de Savoye et celuy de Mantoue ne sont pas trop satisfaicts des Espagnols, lesquels aussy n’approuvent l’ alliance qu'ils ont concertée; et semble que celui de Parme n‘ayt subject d’estre mieux edfié d’eux. Le premier a maintenant perdu son fils aisne, et disoit-on que le second couroit mesme fortune.  Si sur cela la royne d’Espaigne accouschoit d’un fils, croyés qu’il seroit facile d’esmouvoir I' indignation du duc de Savoye et d’en profiter, principalement si les aultres entroient en jeu. Vous sçaurés ce que son ambassadeur a dict au mien. Je vous prie, ne mesprisons pas ces recherches; les hommes n’ont pas tousjours une mesure volonté, les desdains excitent et allument facilement les courages ambitieux et inquiets comme est celuy du duc de Savoye.

Mon Cousin, c'est ce que je vous escriray sur vostre lettre du viii° du mois passé, que j'ay considerée et bien receue, selon le merite de vostre affection, et le compte que je fais de vostre jugement et fidelité en toutes choses. Au reste, je trouve bon que nous obligions les cardinaux Delfin et de Bufalo en la forme proposée par mon dict ambassadeur, ainsy qu’il vous dira. J' attends tousjours aussy en bonne devotion la resolution de celuy d'Est, et vous recommande le bien de mes affaires. Je prie Dieu, mon Cousin, qu'il vous ayt en sa sainète et digne garde.

Escript à Paris, le vii jour de mars 1605.

HENRY.

DE NEUFVILLE.


Pope Clement VIII had died on March 5, 1605, but the news was not known at the French court until March 13 [Champollion-Figeac, Mémoires et registre-journal de Henri IV, 383-384].

The text printed in italics was originally written in cipher.

 

link to documents on  papal  election-May, 1605


 



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June 3, 2014 3:10 PM

John Paul Adams, CSUN
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