Berger de Xivrey (editor), Recueil des lettres missives de Henri IV Tome VI, 1603-1606 (Paris: Imprimerie Impériale 1853), pp. 335-337:
Mon Cousin,
J'ay esté tres aise d°av0ir sceu par vostre lettre du xii de ce mois et le rapport du courrier porteur d'icelle, vostre embarquement et partement pour Rome, au temps que vous m’ aviés promis;·mais j'ay esté marry que le cardinal de Sourdis ayt failly de s'y trouver en mesme temps pour s’embarquer et partir avec vous et le cardinal del Bufalo, car c'eust esté mon service et mon contentement que vous fussiés arrivez tous ensemble à Rome, comme je l’avois projetté et ordonné. Car je veux croire que le cardinal du Perron n`aura failly de se rendre à Livorne au jour convenu. Mais si le dict de Sourdis sera arrivé à Marseille bien tost aprés vostre partement, comme il aura trouvé une gallere preste, peut estre aussy qu’il vous aura joinct devant que vous arriviés à Rome : de quoy j'attends des nouvelles en bonne devotion.
J’ay commandé estre faict toutes sortes de diligences envers le titulaire de l' archevesché d'Aux, pour le mortifier et le faire-resoudre d'obtemperer à ma volonté, sans y contredire en façon aucune, pour eviter les disputes et rencontres sagement representées par vostre dicte lettre, et veux croire qu’il sera si sage et obeîssant qu’il ne me contraindra d’user d’autres moyens pour le disposer à son devoir. Et quand il s’oublieroit tant que de faire autrement, j'y apporteray telle provision et remedde, que ceux qui auront accepté nos pensions sur ce benefice ne laisseront d’en estre bien dressez et payez : de quoy je vous prie vous faire fort. Je vous dis le semblable pour l`evesché d'Angoulesme, du titre duquel nous disposerons tousjours ainsy que nous adviserons, si le religieux que j’y ay nommé ne l’accepte.
J'ay parlé au cardinal del Bafalo du desir que j'ay d'attacher et interesser du tout avec moy le cardinal Aldobrandin, en termes generaux, comme à l'une de ses creatures, qui faict demonstration d'afectionner grandement la grandeur du dict cardinal Aldobrandino. Et me semble qu’il sera tres à propos que vous usiés de mesme stile en traitant avec le dict cardinal, luy faisant croire combien j'affectionne ce qui le concerne, et veux que mes serviteurs deferent à ses bons conseils aux occasions et affaires qui se presenteront par delà, ainsy que je vous ay faict entendre à vostre partemènt, depuis lequel je n'ay changé d’advis pour ce regard.
Je n’ay à respondre à ce que vous m'avés escript du cardinal Conti, sinon que, dependant, comme il fait, de la maison de Farnese, il y a apparence qu’il branslera avec eux: où ils s'adonneront; toutesfois, il faut coatinuer de l' entretenir le mieux qae l'on pourra, comme tous ses semblables.
Au demeurant, j’attends en bonne devotion la certitude de vostre
arrivée à Rome, pour sçavoir quel accueil vous y aurés receu, et le conseil que vous aarés pris sur la distribution de nos pensions avec l' acceptation
d’icelles, vous asseurant que j'affectionne plus que jamais le redressement
par delà du parti françois, parce que je recognois plus que devant combien
il me peut estre utile. Je remets à mon ambassadeur à vous faire part des
autres advis que je luy escris, et prie Dieu, mon Cousin, qu'il vous i
ayt en sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, le dernier jour de novembre 1604.
HENRY.
DE NEUFVILLE.
John Paul Adams, CSUN
john.p.adams@csun.edu