Guillaume Ribier (editor), Lettres et mémoires d' Estat des Roys, Princes, Ambassadeurs et autres Ministres , sous les Règnes de François premier, Henry II, et François II Tome second (Paris 1666), p. 238:
Mon cousin ,
J'ai receu vos lettres, ou je voy comme toutes choses se sont jusques à ce jour passées au Conclave et ailleurs pour le fait de l' élection du futur Pape, quelles menées et pratiques se faisoient pour le Cardinal Pole, et le peu de seureté qu'il y avoit de se prevaloir des promesses que Farnese auparavant son entrée audit Conclave vous avoit faites. Aussi à vous dire la verité, je ne m'en suis pas voulu fort asseurer, mais maintenant estant certifié de l' arrivée à Rome et entrée audit Conclave de mes Cousins les Cardinaux de Guise, de Vendosme, du Bellay et de Chastillon, lesquels de Cardinal de Tournon suivra de pres, j'espere que quelque partage qui se fasse du gasteau, nous ne pouvons faillir à en avoir une bonne part: joint que si audit Conclave les choses ne se sont fort precipitées depuis que ces cinq Cardinalux miens sont entrez, vous aurez eu du renfort, et je pense que toute la troupe jointe ensemble avec la suite des autres qui me sont affectionnez, elle sera suffisante pour faire deste à celle de Farnese, et luy broüiller bien ses desseins, si elle ne les luy rompt tout a fait: et encore que je vous aye desia fait entendre mon intention quant au fait de ladite élection, si est-ce qu'estant sur le lieu, comme vous estes, vous pouvez avec nosdits Cardinaux mieux juger à l'oeil la facilité, ou impossibilité de ladite élection, que je ne puis faire pardeçà: selon quoy, vous sçaurez bien choisir et prendre tel party qu'il se presentera pour le meilleur, faisant en force que si l'on ne peut avoir un Pape devot et affectionné à cette Couronne, à quoy je suis asseuré que chacun de vous travaillera jusques à l'extremité, qu' à tout le moins il y en ait en entierement dedié à l'Eglise, et au devoit de sa charge, pour estre pere commun et neutral aux Princes Chrestiens: et pour faire cét office, je ne me voudrios pas trop fier à l' Anglois, quelque sincerité et integrité qu'il promette faire pour l' inveterée contrariete qui est entre sa Nation et la nostre: et vous veux bien dire que vouis et ceux qui se son mostez de luy rompre son coup, ne m'ont pas fait peu de plaisir et service. Je sçay le devoir, les peines et travaux que vous avez jusques-icy portez depuis la mort du feu Pape, à guider et conduire les choses en l'estat qu'elles sont; enquoy vous m' avez de tant plus fait connoistre, non seulement l'affection que vous avez à vous acquiter de vostre charge, mais aussi vostre grande dexterité au maniement d' affaires d'importance.
De Fontainebleau 3. Decembre 1549.
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