SEDE VACANTE 1521

Trés Chier et trésamé Filzl

Salut et Apostolique benediction: j’ay esté fort joyeux vener les lettres que votre Majesté m'a escript de sa propre main, veant que ne luy est cheu de la memoire ce que de moi avoit ouy et aprius aux ecoles, assavoir, les François estre rices et abnndans de promesses, belles et doulces paroles; mais mesurer l’amitié à leur proûct; desorte, que changeant la fortune et condition des choses si ne leur vient à profict sonbz quelque couleur guise et à la fois mains que veritable; ilz, desirent et laissent l'amitié, ce que maintenant avés aprins par experience si que la seule vexation et tribulation aésté cause de ce croyre, à la myenue volunté que les autres en ces afaires vous eussent aussi diligentement ingeré la verité, j’extime et croy que ne fussions tombez et escheux ès inconveniens et dangiers du temps qui court. il est besoing que d’ici en avant, nous cheminons et marchandons plus sagement; aux choses passées n’y a conseil, soit votre Majesté toute asseuré que quand je vondroye, je ne pourroye oublier ce que à cautelle vous ay enseigné, et depuis peu de temps au Roy Don Phelippes votre pere, et en l’Empereur Maximilien votre Aœul de glorieuses memoires, et en vostre Majesté maintenant que l’ay veu et experimenté. De la faveiu· que les François me portent et moi à eux, votre Majesté l’entendra d'ung notre amy commun, elle le ooguait, il se presentera de soi meisme ad oe, il n’est ja besoing exprimer son nom.

Je suis plus que certain de la joye que avés eu de mon election à la Papalité, et me suis toujours tenu pour asseurè, que, si votre pure affection et entiere amour vous seul eussiés deast eslire ung Pape, vous fussiés decliné vers moy et m’eussiés donné votre vot, mais je savoie qu’il ne convenoit n’y à voz afaires, n’y à la Republique christienne que sollicitissiès pour moy, pour ce que eussiés solut et enfraint l'amitiè avec eestuy qui de tous estoit le plus necessaire aux choses de Italie, savoie aussi que icelle mon election vous donneroit quelque tristesse et desplaisance pour le detriment à venir èschoses de pardeça, à cause de mon absence; mais l'excessive et vehemente delectation survenue en chassera et expulsers toute tristesse non seulement contraire, mais aussi toute aultre quelconque, je croy bien toutefois que icontemplacion de votre Majestè, comme le Sacré collège des Cardinaulx doibt avoir dit à Don Jehan Manuel, j’aye éste esteut, sachantz iceulx Cardinaulx moy estre aggreable à votre Majesté et jamais n’eussent osé eslire homme mal aggreable, et à vous et au Roy dé France; je suis toutefois bien joyeux non estre parvenu à l'election
par voz prierez, pour la puretè et sincerité que les droictz divins et humains requierent en semblables afferes, je vous en scay neantemoins aussi bon gre, ou meilleur que si par vostre moyen et prières vous le m’eussies impetré.

Votre Majesté ne doibt aucunement doubter de ma constance et perseveranœ en son amour; et comme en procurant et negociant, j’ai toujours preferé vos affairs aux miens, aussi le ferai icy après; il vous prie que ja ne vous monte en la fantasie que de laissez et postposez vos aiïaires je procure et entende privement aux miens.

Sire ! la cause de nostre malheur et grandes aversités comme dit St. Jan Chrisostomus est, que pervertissons le vrai et deu ordre de cercher et demander choses à nous convenables, plus a promis que adjutera les biens temporels a ceux qui premierement cerchent les biens spirituels, nous pour ce que cerchons plus affectueusement et
devant tous les biens temporels pour ce maledicti sumus.